Exposition Tierra de Lucha © Ali Selvi
À l’occasion du 5e anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 8 : travail décent et croissance économique, à travers la découverte des projets de Solsoc et Vétérinaires Sans Frontières.
Tierra de lucha, se mobiliser pour le travail décent en Colombie
La question du travail décent représente la base de l’action du Solsoc que ce soit au Sud comme au Nord. Les projets s’appuient sur les 4 piliers du travail décent définis par l’OIT : l’accès à l’emploi, l’accès à la protection sociale, les droits des travailleur.euse.s et le dialogue social. « à Solsoc, même avant les ODD, nous travaillions déjà beaucoup sur les questions de protection sociale et d’accès à l’emploi, notamment avec l’approche de l’économie sociale et solidaire, comme alternative à la création de revenus, dans un modèle plus inclusif que le modèle libéral capitaliste. », précise Aurore Schreiber, chargée de mobilisation.
La contribution de Solsoc à l’ODD8 se fait par la mise en place de stratégies conjointes avec des syndicats, comme au Burkina Faso, au Burundi, en Bolivie, en Palestine et en Colombie. « Le travail sur la protection sociale, surtout en Afrique, est aussi un des grands axes de notre action», ajoute Aurore. « Nous travaillons aussi beaucoup sur l’accès à la santé et le système de couverture de santé universelle, avec à la fois un renforcement des mutuelles de santé et un plaidoyer politique pour une protection sociale ».
Le travail de Solsoc au Nord est toujours étroitement lié aux actions du Sud : « ce qu’on fait en plaidoyer et en mobilisation est toujours le relai de revendications qui viennent du Sud ». C’est de cette façon qu’a été utilisé le documentaire et l’exposition Tierra de lucha, faisant le lien entre les problématiques locales en Colombie, le plaidoyer politique, les mandataires politiques et le public. Les deux outils, le documentaire et l’exposition photo, s’inscrivent plus largement dans une campagne sur le travail décent en Colombie. Ils racontent l’histoire de 4 travailleur.euse.s : une travailleuse domestique à Medellín, un coupeur de canne à sucre dans la région de Cali, un agriculteur dans la région de Cauca et un jeune syndicaliste à Bogota. « On a fait des projections et débats ici en Belgique avec des publics syndicalistes et associatif, et des mandataires ont aussi pu le voir, des relais actifs dans les commissions au niveau fédéral et régional. (…) Le lancement du film a eu lieu en même temps que la venue de certains de nos partenaires de Colombie qui ont rencontré des mandataires politiques ici ».
Cette campagne a permis de développer des stratégies de mobilisation et de plaidoyer politique portées par Solsoc, FOS et IFSI dans leur programme commun au Nord. Le documentaire et l’exposition permettent de découvrir des alternatives économiques, sociales et solidaires émanant des travailleur∙euse∙s eux∙elles-mêmes, respectueuses des droits des travailleur∙euse∙s et de l’environnement.
Plus d’infos : https://www.solsoc.be/tierra-de-lucha et https://www.solsoc.be/files/Image/publications/Dossier-Pr-sentation.pdf
Exposition Tierra de Lucha © Ali Selvi
N’exportons pas nos problèmes
Surproduction de lait : ici et ailleurs, les éleveurs boivent la tasse
Depuis plusieurs années, le secteur laitier européen est en surproduction. Celle-ci entraîne une chute des prix, ne permettant pas aux éleveurs européens de vivre de leur travail. Pour les agroindustriels, c’est plutôt une aubaine. Ils achètent le lait à bas prix, puis se tournent vers les marchés ouest-africains pour écouler le surplus. Mais lorsqu’il arrive là-bas, le lait… n’est plus vraiment du lait ! C’est une poudre écrémée qui a été réengraissée à l’huile de palme et qui coûte jusqu’à 30% moins cher que le lait local. Ce faux lait envahit et étouffe la filière locale et les éleveurs africains.
Vétérinaires Sans Frontières, SOS Faim, Oxfam et Mon lait est local se sont mobilisés dans cette campagne pour mener un véritable plaidoyer en faveur d’une meilleure cohérence entre les politiques de coopération et les politiques commerciales internationales. Cette campagne a notamment poussé cinq députés européens à commander une étude sur l’impact de l’importation de lait au Sahel, dont les conclusions seront présentées au Parlement Européen prochainement.
VSF © Etienne Ramousse
Soutenir les produits laitiers locaux, la promesse d’une économie solidaire et durable
Promouvoir une croissance économique, partagée et durable et un travail décent pour tou·tes se décline aussi par le soutien aux systèmes économiques locaux : en Afrique, l’appui à l’agriculture vivrière et à l’élevage familial représente un enjeu essentiel. Par exemple, en Afrique de l’Ouest, l’agriculture pastorale représente 70 % de la production totale de lait de la région. « Notre zone d’action s’étend au Sahel et dans la région des Grands Lacs : Mauritanie, Bénin, Niger, Mali, Burkina Faso, Rwanda, RDC, Burundi et Ouganda », nous explique Aude Delcoigne de Vétérinaires Sans Frontières. « Nous intervenons dans des pays aux contextes similaires, avec une majorité d’éleveurs vulnérables aux sécheresses et/ou aux conflits. » Le but : « renforcer durablement les capacités des éleveurs tout en permettant une rémunération correcte de tous les acteurs et en insistant sur l’empowerment des femmes. »
Avec un appui à l’élevage en Afrique subsaharienne, Vétérinaires Sans Frontières concrétise la poursuite de l’ODD8 en se basant sur le crédo « des animaux sains, des hommes en bonne santé » : dans des pays où des millions de personnes vivent de leur cheptel, élever des animaux en bonne santé est essentiel pour mettre les familles à l’abri de la faim et de la pauvreté. Vétérinaires Sans Frontières soutient la santé animale et l’élevage familial avec des formations, du matériel et des médicaments. Des services vétérinaires privés de proximité sont installés, un système d’information mobile pour les éleveurs transhumants mis en œuvre dans la région du Sahel. « Notre travail se fait dans le respect de l’approche One Health, en tenant compte des liens évidents entre la santé animale, la santé humaine, et l’environnement. », complète Aude.
Au Sahel, les éleveurs locaux n’arrivent presque plus à vendre leur lait frais. La plupart des produits laitiers sont aujourd’hui composés de lait en poudre bon marché venu d’Europe. Que ce soit au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, les centres de collectes de lait de Vétérinaires Sans Frontières offrent une alternative au libéralisme à outrance en rémunérant correctement les éleveurs : le lait est collecté directement chez les éleveurs, qui reçoivent une juste rémunération. Ils peuvent aussi échanger leur lait contre du fourrage de qualité, ce qui améliore la santé des animaux et la production de lait. Les centres de collecte proposent également des formations aux femmes. Elles apprennent à améliorer la qualité du lait et à le transformer en yaourt, fromage ou beurre. « Cela permet de créer des emplois décents localement. Les formations des femmes au niveau des laiteries favorisent aussi la croissance économique : développer une filière lait permet aux éleveurs de vivre plus dignement et de booster l’entreprenariat. »
« L’élevage est vu comme levier de développement, rentable et source de revenus réguliers. Grâce aux centres de collecte et aux formations mais aussi aux marchés à bétail que nous mettons en place, nous aidons les éleveurs à diversifier leurs revenus. », conclut Aude. Vétérinaires Sans Frontières offre un appui à chaque maillon de la filière lait, du producteur jusqu’au consommateur. La population peut ainsi consommer des produits laitiers locaux de qualité, et n’est plus obligée d’acheter du lait en poudre importé. Pour les éleveurs du Sahel et leur famille, les centres de collecte ouvrent la voie d’une meilleure vie, avec un travail décent et la promesse d’une économie locale plus solidaire et durable.
Plus d’infos : https://veterinairessansfrontieres.be/actualites/au-niger-les-centres-de-collecte-facilitent-la-consommation-du-lait-local/
Aller + loin
Aurore Schreiber et Perrine Crevecoeur
Mobilisation et Plaidoyer
aschreiber@solsoc.be et pcrevecoeur@solsoc.be
Rue Coenraets 68
1060 BRUXELLES
Tél : +32 (0)2/505.40.70
Fax : +32 (0)2/512.88.16
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Aude Delcoigne
Chargée de communication
a.delcoigne@vsf-belgium.org
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