A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs.
Ce dernier objectif sous-tend particulièrement tous les autres car il consacre la volonté de se donner les moyens financiers, technologiques et humains d’atteindre ensemble et de façon coordonnée les objectifs du développement durable d’ici 2030.
Dans le contexte actuel de la pandémie du COVID-19, la pertinence et l’importance de cet objectif sont particulièrement criants. En effet, la crise sanitaire que nous vivons a démontré l’interconnexion de notre monde mais aussi les risques de se replier sur soi-même. Certains états se sont par exemple accaparés les vaccins, limitant ainsi son accès à une majorité des populations du globe ce qui impactera la couverture vaccinale mondiale et donc la lutte contre un virus qui continuera à circuler.
De plus, les conséquences économiques de la pandémie entrainent une forte contraction de l’économie mondiale. Il s’agit de la pire récession depuis la grande dépression de 1929. Depuis quelques années et avant même le début de cette crise, de nombreux bailleurs ne respectaient déjà plus leurs engagements et les flux de l’aide étaient en baisse, mais le risque est grand que ce mouvement ne s’aggrave encore au vu de ce contexte.
Pourtant, la solidarité internationale et une coopération renforcée sont essentielles pour se reconstruire et dépasser cette crise qui se prolonge. Il est donc indispensable que tous les partenaires du développement continuent à faire entendre leur voix pour que l’Agenda 2030 reste central dans les préoccupations.
ACODEV et le CNCD-11.11.11 visent, chacun selon leur mandat respectif, à améliorer la coordination du secteur de la coopération non gouvernementale, à interpeller les politiques pour que la solidarité internationale soit prise en compte et financée selon les engagements internationaux pris par la Belgique et à renforcer leurs membres pour qu’ils aient les clés pour tisser des liens et des partenariats efficaces et utiles.” — Raphaël Maldague
ACODEV et le CNCD-11.11.11
Ce 17ème ODD est au cœur des missions et des programmes des deux structures représentatives des organisations de développement durable et d’aide humanitaire francophones. ACODEV et le CNCD-11.11.11 visent, chacun selon leur mandat respectif, à « améliorer la coordination du secteur de la coopération non gouvernementale, à interpeller les politiques pour que la solidarité internationale soit prise en compte et financée selon les engagements internationaux pris par la Belgique et à renforcer leurs membres pour qu’ils aient les clés pour tisser des liens et des partenariats efficaces et utiles », explique Raphaël Maldague, Directeur d’ACODEV, la fédération des OSC de développement.
En 2020, les efforts de plaidoyer des deux structures ont payé et le gouvernement fédéral qui s’est formé en septembre s’est engagé à atteindre à l’horizon 2030 les 0,7% du PIB pour le financement de la coopération et de l’aide humanitaire. « Alors que le gouvernement était encore en affaires courantes, nous avons pris l’initiative de nous tourner vers les parlementaires pour rassembler une large majorité en faveur d’une résolution sur les 0,7% », raconte Arnaud Zacharie, Secrétaire général de la coupole des ONG francophones. Ce travail de plaidoyer a débouché sur la promesse d’une trajectoire de croissance pour atteindre l’objectif des 0,7% dans une dizaine d’années. « L’étape suivante est de continuer à mettre la pression sur la coalition pour faire en sorte que cet engagement soit contraignant », ajoute Arnaud. « Nous voulons imposer un objectif de 0,55% du PIB pour le financement de l’aide à atteindre à la fin de la législature actuelle ».
La volonté de mobiliser des ressources supplémentaires pour le développement passe également par une sensibilisation des populations à cet enjeu, seul moyen pour faire pression sur les politiques. L’accord gouvernemental reconnait ainsi l’importance de l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire (ECMS) pour la réalisation des ODD. « Cette reconnaissance est une revendication de longue date d’ACODEV et faisait partie du Mémorandum que nous avons envoyé à tous les partis politiques en aval de la formation du gouvernement », se réjouit Raphaël Maldague. Pour coordonner ses organisations membres et partager leurs expériences dans le domaine, ACODEV anime aussi plusieurs groupes de travail consacrés à l’ECMS. « En tant que fédération, nous mettons également en œuvre un programme de renforcement de capacités pour permettre à nos organisations de rester innovantes et de proposer des activités de sensibilisation qui tiennent notamment compte du tournant digital et des publics variés qui composent notre société », ajoute Raphaël.
Il faut savoir que l’aide publique au développement ne représente qu’une petite partie des flux financiers entre le Nord et le Sud. Des flux beaucoup plus importants que l’aide au développement sont en réalité dirigés vers le Nord !” — Arnaud Zacharie
Campagnes de mobilisation et de plaidoyer
Le CNCD-11.11.11 est quant à lui à l’origine ou en soutien de nombreuses campagnes de mobilisation et de plaidoyer qui mettent l’accent directement ou indirectement sur le volet financier de l’aide. La coupole lutte ainsi pour l’annulation des dettes des pays du Sud et a mené en 2019 et 2020 une campagne nationale sur la justice fiscale. « Il faut savoir que l’aide publique au développement ne représente qu’une petite partie des flux financiers entre le Nord et le Sud. Des flux beaucoup plus importants que l’aide au développement sont en réalité dirigés vers le Nord ! », explique Arnaud Zacharie. On estime ainsi que les montants de l’évasion fiscale internationale sont 4 à 7 fois plus importants que l’aide apportée. De son côté, la crise de la dette est encore aggravée par la crise économique qui résulte de la pandémie. Ces deux situations représentent un frein énorme au développement en privant les états de ressources considérables et de possibilités d’investissement pour le futur. « Là aussi, le monde politique commence à nous suivre », se réjouit Arnaud. « Une résolution parlementaire sur la justice fiscale avait été adoptée durant les affaires courantes. Et sur la question de la dette, la déclaration gouvernementale va plus loin que l’initiative de suspension temporaire préconisée par le G20 ».
Pour interpeller le monde politique, le CNCD-11.11.11 travaille souvent au sein de coalitions qui rassemblent un large spectre d’organisations de la société civile, comme la Coalition climat qui était l’un des fers de lance des manifestations de 2019. « Il s’agit de plateformes multi-acteurs au sein desquelles nous élaborons des positions communes et nous les défendons auprès du gouvernement mais aussi du public à l’aide de mobilisations et de campagnes sur les réseaux sociaux, par exemple », explique Arnaud. En 2020, dès le mois de mars, la Coalition corona a ainsi été créée pour penser une gestion de la crise et de la reconstruction post-COVID qui respecterait les principes du développement durable. « Nous proposons des alternatives pour éviter de tomber dans une austérité budgétaire et un repli sur soi qui serait néfaste à l’aide au développement et à la réalisation des ODD ».
L’Agenda 2030 est aussi au centre d’une trajectoire de réflexion menée par ACODEV avec ses membres sur l’identité et le rôle du secteur dans les dix prochaines années. « L’une des composantes de cette réflexion concerne les relations de partenariats avec les organisations de la société civile au Sud », précise Raphaël Maldague. Depuis de nombreuses années, le secteur s’est en effet engagé sur la voie de partenariats les plus équilibrés possibles entre les organisations belges et leurs homologues au Sud. « Dans nos relations de partenariats, il est nécessaire de partir des besoins des partenaires et de ne pas imposer notre vision du développement ».
Il ressort aussi très clairement de cette trajectoire que le secteur souhaite se décloisonner et tendre la main vers d’autres afin de partager des expériences, créer des alliances et conjuguer les forces. ACODEV va donc déployer ses efforts en ce sens afin de cartographier les acteurs avec qui des potentielles relations peuvent être développées : fondations privées, entreprises à but social, universités, organisations sportives et socio-culturelles, etc. « Nous voulons créer des ponts entre nos organisations membres et d’autres partenaires », explique Raphaël. « Le potentiel de synergies et de partenariats pour la solidarité internationale est illimité, et c’est justement tout l’enjeu de l’ODD 17 ».
Plus d’infos : www.acodev.be et www.cncd.be