À l’occasion du 5e anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 1 : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde.
Ce combat pour un développement juste et durable, les Organisations de la société civile (OSC) belges actives dans la coopération au développement en sont le fer de lance. Education, santé, alimentation, droits du travail, protection sociale, lutte contre le changement climatique… Travaillant aux côtés de leurs partenaires sur tous les continents, les OSC mettent en œuvre une multitude de projets innovants, collaboratifs et à long terme qui bénéficient à des milliers de personnes au niveau local et plaident pour la réalisation de ces objectifs au niveau mondial. En voici deux exemples concrets en rapport avec l’ODD 1.
La protection sociale comme rempart contre la pauvreté au Népal
En 2017, le Népal a adopté une loi sur la protection sociale universelle, après des années de pression des syndicats. L’OSC belge WSM, liée au Mouvement ouvrier chrétien, accompagne depuis longtemps ce combat. Elle œuvre à renforcer des mouvements sociaux sur plusieurs continents et les rassemble sous forme de réseaux, afin que les générations actuelles et futures puissent bénéficier du droit universel à une vie digne et à une protection sociale. « Nous travaillons en Asie au sein du Asia Network on the Right to Social Protection », raconte Bruno Deceukelier, Coordinateur Asie pour l’organisation. « Notre spécificité est notre approche multi-acteurs : nous rassemblons syndicats, mutuelles et autres partenaires de la société civile au sein de réseaux locaux, nationaux et internationaux. Ces réseaux constituent un levier primordial pour peser plus fortement sur l’agenda politique ».
C’est notamment en raison de cette spécificité que WSM a été mandaté pour appuyer l’implémentation et la promotion de cette nouvelle loi, au sein d’un projet pilote avec l’UNICEF et l’Organisation internationale du travail (OIT). « La communauté internationale et ses institutions reconnaissent l’importance du rôle de la protection sociale pour réaliser un développement durable et inclusif. Il suffit de regarder l’Agenda 2030 dans lequel la protection sociale se retrouve dans pas moins de cinq objectifs de développement durable ». Au Népal, la loi prévoit de mettre en œuvre les 4 socles de la protection sociale : les allocations familiales, l’accès au soin de santé, la sécurité de revenus pour la population active, et les pensions. « Ces 4 socles correspondent au cycle de vie de tout individu : enfance, vie active, vieillesse. En ce sens, on voit que la protection sociale est un rempart contre la pauvreté durant toute une vie, pour toutes les générations ».
Alors que l’UNICEF et l’OIT se concentrent principalement sur le travail avec le gouvernement et le secteur formel, WSM agit directement au niveau local, en partenariat avec les deux syndicats népalais, GEFONT et NTUC, et la société civile. « Le vote de la loi est bien sûr une étape décisive, mais ensuite, il reste encore beaucoup à faire sur le terrain », explique Bruno Deceukelier. « Il faut promouvoir le projet au niveau local, trouver des adhérent·e·s, toucher le secteur informel qui est très important au Népal. Chaque secteur a aussi ses problématiques et il faut souvent trouver une solution par secteur. »
Pour WSM, il est essentiel que la sécurité sociale s’applique aux couches les plus vulnérables de la population. « Tous nos projets ont une composante genre très importante. Nous insistons beaucoup sur le droit des femmes, des enfants, mais aussi des travailleurs·euses du secteur informel et des travailleurs·euses migrant·es ». Environ un tiers de l’économie népalaise dépend en effet de ses expatrié·e·s, dont beaucoup vont tenter leur chance en Malaisie ou dans les pays du Golfe. De nombreux ouvriers népalais ont par exemple participé à la construction de stades pour la prochaine coupe du monde de football au Qatar, dans des conditions très difficiles mises en évidence par de nombreux médias. « Dans les pays – comme le Qatar – où les syndicats sont interdits, nous essayons de créer une antenne du syndicat népalais. Notre projet vise ainsi à être inclusif, universel et durable, et en ce sens, il répond parfaitement aux objectifs de l’Agenda 2030 ».
Plus d’infos : https://www.wsm.be/notre-reseau/nos-organisations-partenaires/nepal-1.html
Sango, accompagner les familles pour donner un avenir aux enfants
L’attention aux plus vulnérables de la société est au cœur de l’Agenda 2030 et du projet Sango de SOS Villages d’enfants. Parce qu’ils comptent parmi les groupes les plus vulnérables, et parce qu’ils représentent l’avenir, les enfants sont une cible privilégiée des ODD qui visent à leur léguer une planète juste et durable. Sango (« changement » en espéranto) vise à améliorer les conditions de vie de milliers d’enfants en République Démocratique du Congo et au Burundi à travers un accompagnement familial et un soutien à la communauté.
« Dans un premier temps, nous faisons appel à la communauté pour identifier les enfants et les familles les plus en danger de pauvreté », explique Joan Audierne, Directrice des programmes de l’organisation. « Nous accompagnons ensuite ces familles de manière individuelle et adaptée à chaque situation ». C’est en effet quand leurs parents ont des difficultés ou manquent de moyens pour prendre soin de leurs enfants que le risque de pauvreté et d’exclusion est le plus grand.
L’objectif principal de Sango est que les familles deviennent autonomes au niveau économique, et soient capables de répondre à leurs besoins fondamentaux et ceux de leurs enfants, notamment en matière d’accès à la santé, à l’alimentation, à un logement décent et à l’éducation. « Pour lutter contre la pauvreté des enfants de manière durable, nous appliquons une approche holistique : renforcement économique, formation, soutien en matière de protection sociale, sensibilisation aux Droits de l’enfant, prévention de la séparation familiale… Et cela, au niveau des enfants, de la famille, de la communauté, et même au niveau global à travers nos actions de plaidoyer ». En Belgique, par exemple, SOS Villages d’Enfants travaille en collaboration avec d’autres acteurs au sein de la Plateforme pour les Droits de l’enfant dans la coopération au développement. « Nous utilisons les ODD comme cadre de référence et en proposons une relecture sous la perspective des Droits de l’enfant. Notre objectif est d’assurer l’intégration des droits de l’enfant dans les politiques belges de coopération au développement et dans leur mise en œuvre ».
Le renforcement économique de la communauté est une composante importante du projet. Sango appuie le développement d’associations villageoises ou communautaires d’épargne et de crédit. « En général, ces associations regroupent entre 20 et 30 familles qui vont y placer leur épargne ». Cette caisse donne non seulement accès à des micro-crédits à taux très bas, mais elle crée aussi un système de solidarité entre les membres : « chaque caisse comprend un fonds de solidarité qui est utilisé pour répondre aux besoins des familles les plus vulnérables ». Pour Joan Audierne, « c’est un système simple et efficace qui peut être déployé dans différents projets et situations. D’ailleurs, on voit que ce modèle est adopté de manière autonome dans d’autres communautés ».
Plus d’infos : https://www.sos-villages-enfants.be/projets/sango-des-enfants-forts-pour-changer-le-monde
Aller + loin
L’ACODEV est la fédération francophone et germanophone des associations de coopération au développement. La fédération compte 79 membres dont 74 organisations de la société civile qui ont été accréditées par le Ministre de la Coopération au développement.
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