Pendant des décennies, le Musée Royal de l’Afrique Centrale a été le seul lien avec l’Afrique pour des milliers de belges. Cet imposant palais, construit en 1910, a été créé comme outil de propagande par le roi Léopold II. Le musée sert à promouvoir dans un premier temps l’action du roi en Afrique, une entreprise qui se veut philanthropique et civilisatrice. Le lieu est majestueux et rappelle l’enrichissement considérable du royaume qui se fait aux dépens des populations africaines. Puis, à partir des années 60, il devient un fossile de la mémoire coloniale, en perpétuant l’imaginaire rempli de représentations stéréotypées issue de cette période.
Le Musée Royal de l’Afrique Central, désormais rebaptisé Africa Museum depuis sa restauration achevée en 2016, est aussi une institution scientifique dédiée à la recherche sur les sociétés africaines passées et contemporaines, les arts, la biodiversité et la géologie du continent.
Le musée détient la plus grande collection d’artefacts africains au monde ; des œuvres qui pour certaines, sont sujettes à controverse aujourd’hui. En effet, quelles sont les circonstances dans lesquelles ces œuvres ont été acquises ? Une autre question demeure : celle de la restitution de son héritage aux populations concernées. C’est précisément ce qu’explore le documentaire Totems et Tabous de Daniel Cattier.
Dans son documentaire Totems et Tabous, le réalisateur nous plonge dans l’histoire coloniale à travers l’Africa Museum de Bruxelles de sa création par le roi belge Léopold II à la restitution des œuvres à son pays d’origine, la République démocratique du Congo.
Dans le cadre du cycle décolonisation des savoirs organisé par Uni4Coop, le programme commun d’Eclosio, la Fucid, ULB Coopération et Louvain Coopération, un ciné-débat a rassemblé un groupe d’étudiants boursiers africains pour une pré-projection du documentaire. Ceux-ci ont présenté leurs observations et leurs réflexions aux côtés de Julien Truddaïu (ONG CEC) et Billy Kalonji (CMCLD) lors d’un débat virtuel auquel ont participé près d’une centaine de personnes : académiques, chercheurs et étudiants confondus.
Musée royal de l’Afrique centrale © Viktorhauk – Wikimedia
« Chacun doit s’approprier cette histoire car elle nous appartient à tous. Cela doit nous interroger sur la manière dont nous pouvons faire vivre ce débat dans nos pays respectifs. »
Le représentant des étudiants boursiers du Sud a rappelé que l’histoire de la colonisation belge au Congo, au Rwanda et au Burundi dépassait les enjeux entre belges et ressortissants des anciennes colonies, mais qu’elle concernait tout un chacun quelque soit son pays d’origine.
Cette initiative d’Uni4Coop, visait à permettre aux étudiants boursiers de maintenir le lien pendant cette période de pandémie pendant laquelle beaucoup n’ont pas pu rejoindre leur pays pour les vacances. Par ailleurs, ce ciné-débat autour de la restitution des œuvres a permis de créer un espace d’échange entre étudiants du Sud et du Nord, académiques et chercheurs sur cette question qui brûle l’actualité, permettant ainsi de partager d’autres perspectives et d’autres visions.
Et vous ?
Et vous, quelles initiatives portées par le secteur des ONG sur le thème de la décolonisation connaissez-vous ?
Aller + loin
Totems et Tabous propose un dossier pédagogique, qui reprend une ligne du temps des événements marquants de la période coloniale à nos jours, ainsi qu’une série de question pour nourrir le débat avec des élèves ou des étudiants.