© Enda Pronat
Au Sénégal, si vous êtes une agricultrice, il est très probable que la terre que vous cultivez ne vous appartienne pas. Dans la société sénégalaise, même si légalement les femmes et les hommes ont les mêmes droits dans l’accès à la terre, dans la pratique, les coutumes et traditions discriminent essentiellement les femmes et les jeunes.
La plupart des femmes se voient assigner des tâches qui relèvent plus de la sphère reproductive (gestion du ménage, éducation des enfants, alimentation, etc.) que de la sphère économique ou politique. En effet, les femmes qui cumulent travail domestique et travail aux champs sont souvent absentes des instances de prise de décision financière ou organisationnelle et se retrouvent lésées quand il s’agit d’un accès sécurisé aux ressources, au savoir et aux technologies. Dans ce cadre-là, Enda Pronat intervient depuis plusieurs années dans les villages avec les groupements de femmes pour renforcer leurs pouvoirs social, politique, économique et environnemental, afin qu’elles soient plus impliquées dans les processus de prise de décision de leur communauté.
Parce que renforcer les femmes dans les sphères économiques et politiques, c’est aussi renforcer le processus vers un développement rural durable.
L’exemple des rizicultrices du village de Diouroup parle de lui-même ! Les conditions de travail des femmes dans les rizières sont pénibles : manque de mécanisation, conséquences dues au changement climatique, sols dégradés… Cette pénibilité au travail, accentuée par la charge de travail domestique dans la famille, ne leur laisse que très peu de temps pour être présentes aux réunions qui traitent les affaires économiques et politiques du village.
Dans ce contexte, Enda Pronat travaille avec les rizicultrices afin d’identifier les méthodes de culture et les moyens matériels qui peuvent améliorer le rendement, diminuer la pénibilité du travail et développer la transformation des produits. Ce projet permet aux femmes des différentes zones agricoles de Diouroup d’échanger sur leurs réalités et de se renforcer en tant que productrices et citoyennes. Pour répondre à la forte demande des femmes, Enda Pronat a organisé des formations aux nouvelles techniques de culture et de récolte, notamment via des techniques d’agroécologie, afin de s’adapter aux conséquences du changement climatique mais également d’alléger le travail des femmes en y impliquant davantage les hommes.
Ce projet permet aux femmes de dégager du temps et de diversifier leur production alimentaire en investissant dans d’autres modes de production. Ainsi, elles sont de plus en plus nombreuses à développer des jardins maraîchers diversifiés et permanents selon les principes de l’agroécologie.
Les femmes s’organisent et se regroupent, se forment et se renforcent, tant individuellement que collectivement, elles ont un pouvoir de décision plus important dans les instances économiques et politiques de leur village. Elles deviennent actrices de leur quotidien, partagent leurs acquis lors de rencontres avec d’autres groupements de femmes. Elles insufflent ainsi un changement dans la perception que la société sénégalaise traditionnelle peut avoir des femmes, au niveau tant local que national.
Enda Pronat
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