Dans les coulisses de l’ULB
L’accueil des personnes migrantes, réfugiées, demandeuses d’asile représente un véritable défi en Europe : face aux discours de peur et de repli sur soi, des citoyen·ne·s se mobilisent pour défendre un avenir commun où chacun a sa place. Depuis 2017, les villes et communes avec les citoyen·ne·s se sont investi·e·s dans la campagne “Communes Hospitalières” en Belgique. Ce mouvement s’est élargit aux universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts. Découvrons comment ce processus mobilise les protagonistes de l’ULB pour mieux intégrer les personnes migrantes.
Quelles ont été les étapes qui ont menées à cette décision ? Et comment concrétiser ces engagements pour que l’ensemble de la communauté universitaire se mobilise et y contribue ? C’est ce que nous découvrirons au fil des jours en suivant le projet avec l’ONG ULB Coopération.
Dans cette série d’articles, Julie Berthelier – chargée de projets au sein d’ULB Coopération – nous parle du processus en cours à l’ULB. Nous suivrons avec elle les étapes du projet, de la mobilisation des institutions à son appropriation par la communauté universitaire.
Un enjeu parfois déconnecté des réalités de campus
Chaque année, au mois de mars, les 4 ONG universitaires mènent leur campagne Campus Plein Sud pour sensibiliser la communauté universitaire aux réalités complexes du Sud et aux liens d’interdépendances qui existent avec nos pays. Une sensibilisation pour une plus grande mise en action ! Avec l’espoir sous-jacent que les campus se mobilisent d’avantage dans la construction d’une société plus juste et solidaire.
Pour cette nouvelle édition (2018), le focus est mis sur les migrations. Une réalité encore trop souvent perçue par les étudiants comme extérieure à la vie du campus. Là où beaucoup pensent que : Migrants = réfugiés = guerre civile, nous souhaitons montrer qu’ils existent différents profils (étudiant·e·s internationaux, doctorant·e·s en cotutelle de thèse, etc.) et que l’enjeu est plus proche des réalités universitaires qu’il n’y paraît. À l’ULB, on compte plus de 130 nationalités différentes.
Université hospitalière ? Un cadre à définir
Ensemble, actrices et acteurs de la Campagne Université Hospitalière, nous nous accordons sur un cadre commun traduit en 4 engagements comme fondements d’une université qui se voudrait hospitalière.
Il ne s’agit pas d’engagements fermes à prendre ou à laisser mais plutôt d’une base de discussion à partir de laquelle échanger, construire avec les responsables des différentes universités.
D’un cadre global à une adaptation locale
Après avoir travaillé tous ensemble pour dessiner les contours de la motion, c’est maintenant, pour ma part, au niveau de l’ULB que les choses doivent se mener. Nous commençons d’abord par un travail d’auto-évaluation où nous passons en revue toutes les propositions.
- Feu vert : Ca on fait déjà !
- Feu orange, feu rouge : Ce qu’on voudrait défendre !
Quand nous manquons d’informations, nous allons les chercher auprès des services compétents qui se montrent très collaboratifs.
Après l’auto-évaluation, je me lance dans une série de rencontres bilatérales pour présenter le projet. Dans un premier temps, les principaux points soulevés sont de savoir qui endosse la compétence (le Conseil d’Administration ou le Conseil Académique). Ensuite, il s’agit d’identifier les éléments susceptibles de bloquer parmi les propositions faites.
Un point fait déjà débat : la proposition défendue par la Fédération des Etudiants Francophones (qui consiste à dire qu’un étudiant = un étudiant), remettant ainsi sur la table un sujet ayant déjà créé de vives tensions dans le passé entre le rectorat et les étudiants[1]. Etant donné qu’un accord avait été trouvé, il n’est pas question de remettre ce sujet à l’agenda pour les responsables. Ce point reste toutefois anecdotique puisque que globalement nos partenaires institutionnels sont plutôt enclin à s’inscrire dans cette démarche d’université hospitalière.
Constat
Mobilisation
Cadre commun
Auto évaluation
adaptation
De la légitimité pour interpeller
Reste à savoir qui va introduire la motion au Conseil Académique. Car les acteurs institutionnels ne peuvent pas s’auto-interpeller. Il faut donc que ce soit les étudiants élus, siégeant au Conseil, qui mettent le point à l’agenda. Ce qu’ils font ! Je me retrouve ainsi invitée pour présenter le projet. Et les échanges portent sur les points problématiques. En fin de discussion, la motion est adoptée. Le recteur charge Alain Leveque, Vice-recteur aux affaires étudiantes, aux services à la communauté et à la culture et Laurent Licata, Vice-Recteur à la politique académique et à la gestion des carrières, en charge de la politique de diversité et de genre ainsi qu’ULB Coopération pour adapter la motion à la réalité de l’ULB.
Reformulations et appropriation
Avec les deux vice-recteurs, nous nous lançons dans un patient travail de reformulation de la motion pour faire rencontrer le cadre à la réalité de l’ULB. Il s’agit de rendre chaque proposition spécifique et mesurable. Après plusieurs réunions, nous arrivons à un document définitif prêt à être validé par le recteur.
Maintenant que le cadre a été revu, précisé, affiné, contextualisé, un enjeu reste de taille : comment sensibiliser la communauté universitaire pour que cette motion approuvée ne soit pas que du vent ?! Un préalable reste d’être attentif pour éviter que les recommandations soient perçues comme des injonctions aux membres de la communauté universitaire : imposer ne ferait que provoquer des résistances. Comment renforcer l’appropriation du projet d’université hospitalière par tous les protagonistes en présence ?
[1] https://www.7sur7.be/belgique/l-occupation-des-rectorats-a-l-ucl-et-l-ulb-prolongee-durant-le-week-end~ab78c429/
En savoir +
La campagne Université Hospitalière
Lancée par une coalition d’organisations dont la FEF, le CNCD-11.11.11, les ONG universitaires Eclosio (anciennement UniverSud et ADG) ULB Coopération, Louvain Coopération, la FUCID) le CIRE, Amnesty International Belgique Francophone ainsi que les syndicats et d’autres associations, la campagne a pour objectif d’amener l’ensemble de la communauté d’un établissement d’enseignement supérieur à s’impliquer et à se mobiliser pour les migrant·e·s.
Plus d’info sur la campagne Université Hospitalière : www.universitehospitaliere.be
À suivre…
Dans un prochain article, nous découvrirons comment le projet s’est installé dans sa phase pilote au campus Erasme avec l’appui des responsables ‒ Alain Carpentier, vice-doyen de la faculté des sciences de la motricité et coordinateur académique du Pôle Santé et Arnaud Termonia, directeur du Pôle Santé et de la Formation Continue ‒ et porté par le GT (Groupe de travail) convivialité. Echos Communication soutient la démarche en animant un processus novateur pour fédérer toutes les énergies du campus autour d’un projet commun. À suivre !