Gaouri, toubab, yovo, mundélé… que de mots aux sonorités que j’ai toujours perçus comme gaies et enjouées, un peu moqueuses… Ils me désignaient moi, le blanc, dans des communautés d’Afrique. J’étais et je suis toujours celui qui vient du dehors, qui n’appartient pas à la communauté.
J’ai toujours ressenti de la curiosité, une envie de découverte, de la prudence et de la retenue aussi, pour ce qui est étrange de la part de mes interlocuteurs. Je me souviens être là en train de regarder et observer des joueurs d’awalé en attendant un bus à la gare routière de Bohicon (Benin), puis être non seulement accepté mais également invité avec malice à entrer avec eux dans le jeu…
Les premiers mots prononcés par mes hôtes m’indiquaient, selon leur formulation, un filon à saisir pour amorcer mes conversations. Celles-ci se sont multipliées allant parfois jusqu’à l’intime, dans la conception et la vision du monde, le rapport au sacré, et bien d’autres détails qui renseignent sur le dedans de chaque culture.
Dans cette époque de mondialisation, de multiplication des échanges, de démocratisation des transports et des voyages, on pourrait penser que le rapport à l’étranger s’en trouve facilité. Dans ce même temps les questionnements et les doutes sur nos valeurs, nos référentiels, ne favorisent-ils pas au contraire un repli sur nous-mêmes, un repli identitaire en quelque sorte ? Tout cela ne conduirait-il pas plus à une coexistence avec l’étranger qu’une véritable rencontre ?
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Reprenons notre bâton de pèlerin pour nous interroger. Et reprenons à l’origine du mot « étranger ». La suite à découvrir dans un prochain article : Étranger : détour par l’histoire d’un mot
Ce dossier a été publié par les Presses Universitaires Citoyennes (Fondation HEM): « Le tissu de nos singularités, vivre ensemble au Maroc », PUC, 2016