Intergénérationnel : à chacun sa place !

Madame El Hamidine a travaillé longtemps comme éducatrice en gérontologie en organisant toutes sortes de projets intergénérationnels mélangeant les histoires des jeunes et des aînés. Après 18 ans, souhaitant amener la voix des aînés ailleurs, elle s’engage en politique.

Selon elle, il y a une nécessité de casser les images sur les personnes âgées, leur permettre de sortir de leur solitude et montrer qu’elles ont un rôle important à jouer, notamment en termes de transmission.

Il y a également une nécessité de poser un autre regard sur les jeunes. Quand les jeunes jouent au foot, ils font du bruit et ne sont pas toujours bien perçus par les habitants du quartier et surtout par les aînés.

Face à ces constats, la commune cherche à créer des espaces communs où jeunes et moins jeunes se rencontrent à travers différents projets : potager, construction de nichoirs, création de fresque commune… Créer cette première rencontre dans la vie réelle permet par la suite de revenir plus facilement toquer à la porte de l’Autre. Continuer à nourrir ce lien intergénérationnel est nécessaire à la mise en place d’un système d’entraide et de solidarité.

Décloisonner

Dans son engagement politique, elle cherche « à reconnaître et redonner une place à tout·es afin qu’il·elle·s puissent se retrouver, s’identifier dans les actions communales ».

C’est dans cette optique que la commune essaye de travailler au mieux avec les groupes qui se sentent généralement déconnectés de la vie communale. Un groupe de femmes a ainsi été lancé. Les rencontres de ces femmes leur permettent d’exprimer ce qu’elles attendent des autorités politiques, de faire valoir leur place dans l’espace public. Une démarche similaire a été initiée dans les centres pour seniors qui ne sont généralement fréquentés que par une certaine catégorie de personnes : cette initiative devrait leur permettre de rencontrer des personnes d’autres origines et des jeunes, pour faire évoluer le regard qu’ils se portent mutuellement.

Ces activités visant à recréer du lien social sont également importantes pour les jeunes. Dans le cadre de parcours de migration par exemple, quand le regroupement familial n’est pas possible et que les grands-parents restent au pays, favoriser les rencontres intergénérationnelles permettrait tant aux jeunes qu’aux personnes âgées de découvrir les cultures des un·es et des autres.

Les personnes âgées auraient un rôle de transmission de savoir, dans un monde ou parfois le lien familial est déconstruit.

Pour que cela soit efficace, il ne s’agit pas seulement de décloisonner les citoyens mais également les actions politiques. Madame El Hamidine cherche ainsi à éviter que chacun·e travaille dans son coin. Elle tient à ce que « les actions politiques HANDICAP-SENIOR-JEUNESSE soient transversales et à ce que tous les échevins y participent ». Il faut favoriser la mise en dialogue et réfléchir à ce qu’on pourrait faire tous ensemble. Au niveau du collège communal, cette dynamique est déjà bien en route et tout·es sont dans cette réflexion de création de passerelles.

La société n’est de fait pas cloisonnée, c’est nous qui l’avons segmentée. Pour restaurer ce vivre ensemble, il faut créer du lien en mettant en place des « actions prétextes à la rencontre ». Si partout, on travaille sur toutes les différences, on arrivera à un système de solidarité dans lequel chacun se sent responsable de l’autre : cette responsabilisation mutuelle va de pair avec une revalorisation de chacun·e. Pour l’échevine, « la diversité de la commune de Forest pourra alors également devenir sa force ».

Contributions des jeunes

Concrètement, quelle peut-être la place des jeunes dans la vie communale et dans l’espace public ? En termes de participation citoyenne, Madame El Hamidine est convaincue que les jeunes ont un rôle à jouer. Ils peuvent « être une voie de communication avec les autorités communales. Il est par exemple important que les jeunes puissent faire un état des lieux de leur commune et exprimer leurs besoins. Il n’est pas question de les écouter uniquement quand il y a des sollicitations mais de leur donner une place à part entière ». Le bilan qu’ils dresseront pourra ensuite servir de base à une rencontre et une mise en dialogue avec le collège communal. Ils pourraient également aller à la rencontre des gens, dans la rue, pour récolter leur parole en les questionnant sur ce qui manque dans leur commune ou ce qu’ils attendent des politiciens.

Afin de favoriser cette occupation de l’espace public par les jeunes, la commune souhaite recréer  une initiative lancée en 2014 avec la mise en place d’un Conseil Consultatif [1] mixte (garçons-filles, différentes origines et intergénérationnel). La parole serait ainsi donnée aux jeunes en les amenant à être acteurs plutôt que consommateurs. Dans ce cadre, les associations auraient un rôle à jouer en fixant avec eux les lignes conductrices plutôt que de « leur donner un plat déjà cuit à manger » afin qu’ils s’approprient au mieux ce projet.