La question du genre est de plus en plus au centre des débats, aussi bien dans les médias que dans le monde associatif. Si beaucoup s’accordent sur l’importance de la dimension “genre” dans la coopération au développement, en pratique cela reste encore peu visible dans les projets de terrain. Découvrons ensemble comment l’ONG le Monde selon les femmes adopte une approche genrée au quotidien dans ses projets.
Nous avons rencontré Lidia Rodriguez Prieto pour discuter de la nécessité du croisement entre développement et genre. Elle coordonne l’asbl Le Monde selon les femmes depuis maintenant 15 ans. Cette organisation, qui a déjà 25 ans, est une ONG belge féministe dont l’approche consiste à croiser la perspective du genre avec toutes les thématiques de la coopération belge, allant ainsi des questions de souveraineté alimentaire, d’écologie et d’agro-écologie, aux questions des droits sexuels et reproductifs, des violences ou des migrations.
Une approche contextuelle adaptée aux réalités du terrain
L’approche du Monde selon les femmes repose sur une analyse contextuelle qui permet de rendre son action plus proche du terrain, mais également de nourrir ses actions au Nord comme au Sud de bonnes pratiques apprises ailleurs.
« Ainsi, lorsque l’on travaillait la question de l’agro-écologie, nos partenaires congolaises nous ont invitées à parler de la question des violences et de la sécurité. En nous interpellant là-dessus, on s’est rendu compte que les boliviennes parlaient également de ces questions, mais au sein du foyer. Cette question des violences est donc apparue comme très importante pour parler de la souveraineté alimentaire, ce qui sans l’inclusion des femmes dans le processus aurait été ignoré. »
« On tient compte des inégalités Nord-Sud et des inégalités entre les hommes et les femmes. Le Monde selon les femmes est né d’un questionnement de femmes qui travaillaient dans différentes ONG où elles se rendaient compte qu’il y avait un problème de manque de visibilité des femmes. (…) Nous voulons montrer à la coopération belge que les femmes sont porteuses de changement ».
La loi sur le ‘gender mainstreaming’
Selon l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes le gender mainstreaming implique que “l’on tienne compte des différences socialement construites entre hommes et femmes, ainsi que de leur impact potentiel, dans tous les domaines et à chaque étape du processus politique – élaboration, mise en oeuvre, suivi et évaluation”. Ainsi depuis 2007, la “loi gender mainstreaming” prévoit une série d’obligations pour le gouvernement et ses membres, ainsi que pour les administrations fédérales, qui ont pour but de faire du genre une dimension entièrement intégrée de toutes les politiques fédérales, régionales et communautaires.
S’il demeure encore quelques réticences à adopter une approche de genre, le secteur de la coopération, à l’instar de la société, a fait des progrès importants ces dernières années. Il existe également des avancées qui ne sont que de façade, notamment depuis que les organisations sont légalement contraintes d’intégrer une dimension genre si elles souhaitent être reconnues comme ONG. Lidia ne s’en inquiète pourtant pas: «Peu importe leurs motivations de départ, certaines [organisations] ont pris cette obligation pour en faire une réelle opportunité. Si elles se sont données le temps et les ressources, ça a fini par porter ses fruits. » Le changement au sein de la coopération au développement est donc en marche et ne semble pas prêt de s’arrêter.
Laura Ganza
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➔ Découvrez les outils en genre et développement du Monde selon les femmes.
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