Mener un projet à bien requiert d’alterner les postures mentales afin de surmonter divers obstacles. La méthode Disney est un jeu de rôle qui permet à une équipe de produire des idées, des pistes concrètes et d’anticiper les failles de façon itérative.
À l’origine
La méthode Walt Disney a été décryptée par Robert Dilts, chercheur en programmation neurolinguistique. Analysant les clés de la réussite, il s’est intéressé à Walt Disney parce que celui-ci avait réalisé de grandes choses alors que personne n’y croyait au départ, tout en affrontant les obstacles sur son chemin. Robert Dilts s’est aperçu que Walt Disney différenciait naturellement les temps et postures mentales face à un problème : le temps du rêveur, le temps du réaliste et le temps du critique. Il a aussi observé que ces postures n’ont pas le même mode de fonctionnement et recourent à un système de croyances spécifique.» Mais, pour Walt Disney – et c’est là l’originalité de la vision –, ces positions n’étaient pas inconciliables.
L’objectif ?
Comme le créateur de Mickey, nous avons tous en nous, à des degrés divers, une part de rêveur, de réaliste et de critique. La méthode Walt Disney vise à concilier ces différents aspects des personnalités dans une équipe car elles sont complémentaires pour concrétiser les idées. Comme le souligne Brigitte Roujol, fondatrice du portail Coaching Avenue et coach en entreprise : « Votre rêveur est indispensable pour avoir des idées nouvelles. Votre réaliste va les rendre concrètes. Quant au critique qui sommeille en vous, c’est lui qui va évaluer, filtrer, affiner les produits de la créativité. »
En pratique
Dans un premier temps, tous les membres de l’équipe se glissent dans la peau du rêveur. Ils imaginent alors un projet idéal, sans limite. C’est ce que Brigitte Roujol appelle « la phase du quoi » : « Celle de la vision à long terme. Les participants déterminent l’objectif final, les sources de motivations (individuelles et collectives) qui seront le moteur des membres de l’équipe tout au long du projet et les différentes stratégies possibles (ou même irréalistes) pour y arriver. Ils font émerger une vision collective. »
L’équipe endosse ensuite le rôle du réaliste, très pragmatique, axé sur la mise en pratique. C’est « la phase du comment » : « Les participants se focalisent sur l’action et envisagent le projet sur le court terme. Ils dressent la liste des moyens nécessaires pour réaliser le rêve fantasmé. Ils imaginent un plan d’action précis. Ils déterminent les ressources (humaines et matérielles) auxquelles il faudra faire appel, les tâches spécifiques qui seront attribuées à chacun, la destination précise de chaque ressource. »
Enfin, les membres de l’équipe revêtent le costume du critique, font le tour de ce qui aurait pu être oublié, confrontent le rêve aux moyens à disposition et formulent des remarques constructives. « Les personnages critiques ne donnent pas de solution », précise Brigitte Roujol. « Ils posent des questions, soulignent les failles éventuelles, pensent au comment faire pour. »
Le modèle Disney est itératif : lorsque le temps critique est achevé, la boucle peut reprendre pour répondre aux points soulevés par les critiques. Ainsi, les rêveurs peuvent à nouveau proposer des solutions créatives, tandis que les réalistes tenteront de concrétiser celles-ci. Un projet peut ainsi utiliser la méthode Disney sur un an, pour arriver à pleine maturation.
Les forces et les limites
Les forces
- Méthode simple à déployer (3 postures) dans un laps de temps limité (3 temps).
- Pas de moyens logistiques élaborés.
- Projets envisagés dans leur globalité.
Les limites
- La partie « vision » peut être difficile à réaliser car elle implique que le directeur accepte que son équipe puisse également décider de la direction à prendre.
À vous de jouer !
Walt Disney organisait ses réunions dans trois lieux différents. Il créait une sorte de cheminement spatial, en relation avec l’avancement de la réflexion. Le Walt Disney rêveur imaginait des mondes nouveaux dans une petite pièce aux murs couverts de dessins. Le réaliste s’exprimait devant la planche à dessin. Le critique discutait dans une salle de projection.
Pourquoi ne pas faire de même dans votre organisation afin de séparer les trois temps de la réflexion, et laisser chaque personnage s’exprimer pleinement ?