Wetterlage beim Orkan Emma 2008 (recadré) © Wikimedia – MeteoSchweiz.ch
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 par des deux institutions Nations unies : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Cet organisme intergouvernemental est ouvert à tous les pays membres de ces deux organisations. Aujourd’hui 195 pays en sont membres.
Sa mission
- Le GIEC a pour mandat d’évaluer, sans parti pris et de manière méthodique et objective, l’information scientifique, technique et socio-économique disponible en rapport avec la question du changement du climat. Ces informations sont synthétisées à partir des recherches ou études effectuées par des scientifiques, des experts ou des organismes et publiées dans des revues scientifiques.
- Le GIEC travaille à dégager clairement les éléments qui relèvent d’un consensus de la communauté scientifique et à identifier les limites dans les connaissances ou l’interprétation des résultats. La compréhension des fondements scientifiques du changement climatique provoqué par l’homme doit permettre d’en établir les conséquences et d’envisager des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
- Le GIEC n’est pas un laboratoire ni une structure commanditant et finançant ses propres recherches. C’est un lieu d’expertise collective visant à synthétiser les travaux menés dans les laboratoires du monde entier.
Son objectif principal : produire les rapports d’évaluation
La principale mission du GIEC consiste à évaluer, à chacun de ses cycles, l’état des connaissances les plus avancées relatives au changement climatique. Pour ce faire, il produit durant chacun de ses cycles :
- un rapport d’évaluation composé de plusieurs volumes. Cinq rapports d’évaluations ont été publiés entre 1990 et 2014. Depuis 2017, le GIEC élabore le sixième rapport d’évaluation (AR6) qui sera publié entre 2021 et 2022.
- des rapports spéciaux qui fournissent une évaluation relative à thème spécifique. Au cours de son 6e cycle, le GIEC produira 3 rapports spéciaux dont les thèmes ont été choisis par les États.
Le GIEC peut également produire :
- des documents techniques sur des sujets qui nécessitent des informations et des avis scientifiques établis de façon collective, indépendante et transparente.
- des rapports méthodologiques dans lesquels les experts fixent les méthodes à appliquer pour les inventaires nationaux d’émissions de gaz à effet de serre.
Les rapports du GIEC ne doivent pas prescrire de choix de nature politique. La formule constamment rappelée à ce sujet est que le contenu des rapports doit être policy relevant, but not policy prescriptive (pertinentes politiquement, mais non prescriptives).
Si l’originalité du GIEC est d’associer les États au processus d’élaboration des rapports d’évaluation, ceux-ci n’interviennent que lors de la phase finale : la rédaction du “résumé pour décideurs”. Ce texte est examiné puis adopté ligne par ligne par les représentants des gouvernements sous le contrôle des scientifiques, auteurs du texte initial. Ainsi, les États interviennent effectivement dans le processus d’acceptation de la synthèse des rapports d’évaluation, ce qui leur donne un caractère universel, mais pas dans le processus d’expertise scientifique qui consiste à rédiger le rapport extensif.
La production du GIEC constitue l’apport scientifique alimentant les négociations internationales sur le climat qui se déroulent sous l’égide de la CCNUCC, notamment pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui est entré en vigueur le 4 novembre 2016.
Lors des négociations internationales, le GIEC a le statut d’observateur.
Le processus d’élaboration du rapport
L’expertise scientifique est conduite par trois groupes de travail et une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre (GES).
- Le groupe de travail 1 évalue les aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat.
- Le groupe de travail 2 s’occupe des questions concernant la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux changements climatiques, les conséquences négatives et positives de ces changements et les possibilités de s’y adapter.
- Le groupe de travail 3 évalue les solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou atténuer de toute autre manière les changements climatiques.
- L’équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre développe et améliore un guide méthodologique pour le suivi des émissions de GES. L’usage d’une telle référence commune favorise les travaux de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Le rapport du GIEC suit une méthodologie rigoureuse, décrite dans le schéma joint.
Généralement, les rapports du GIEC comportent :
- un ensemble de chapitres contenant l’évaluation scientifique, technique et méthodologique;
- un résumé à l’intention des décideurs ou un chapitre de présentation générale;
- un résumé technique (facultatif).
Un rapport d’évaluation c’est 2.000 à 3.000 pages s’appuyant sur des milliers d’études et prenant compte plusieurs dizaines de milliers de commentaires (par exemple, sur les deux premiers brouillons du cinquième rapport, datant de 2014, le groupe de travail numéro un a reçu 52.422 commentaires provenant de plus d’un millier d’experts et de dizaines d’États membres, auxquels ils ont systématiquement répondu).
Un processus de validation complexe
Dans le processus de validation des rapports, le GIEC fait une distinction entre acceptation, adoption et approbation ligne à ligne :
- Les rapports dans leur version intégrale doivent être acceptés par le groupe de travail correspondant. Cela signifie que le texte n’a pas fait l’objet d’une approbation ligne par ligne, mais qu’il expose néanmoins le sujet de façon complète, objective et équilibrée.
- Les résumés à l’intention des décideurs sont approuvés ligne à ligne lors d’une session du groupe de travail, cette procédure visant à garantir leur conformité aux éléments factuels figurant dans les chapitres du rapport.
- Les rapports méthodologiques, les rapports de synthèse et les rapports spéciaux établis par chacun des groupes de travail sont acceptés, approuvés ou adoptés par le GIEC en session plénière. L’adoption est un processus d’approbation section par section, qui s’applique aux chapitres de présentation générale des rapports méthodologiques et à la version in extenso des rapports de synthèse.
Les rapports sont “réécrits” 3 fois tout au long d’un processus qui dure 2 ans.
Des règles de contrôle et de transparence
Au fur et à mesure de son évolution, le GIEC a mis en place des processus de contrôle importants à 3 niveaux :
- Le choix et le renouvellement des auteurs et des relecteurs dont la diversité se remarque par « leurs origines de pays différents, d’expérience différente, qui n’ont pas précédemment travaillé ensemble, avec un renouvellement important des auteurs d’un rapport à l’autre (au moins 50 % de nouveaux auteurs, parfois jusqu’à 75 %, selon les rapports).
- Les sources d’informations, notamment de la « littérature grise » : « Les auteurs doivent justifier le choix de citer de telles sources (…) quand l’information n’existe pas dans les publications scientifiques.
- L’identification et la correction des erreurs.
Son organisation
L’assemblée générale du GIEC
Le GIEC fonctionne sur la base d’une réunion plénière qui se réunit une ou deux fois par an et dans laquelle chaque membre dispose d’une voix. Toutes les décisions, à l’exception de l’élection des membres du Bureau, sont prises par les représentants des gouvernements, par consensus, en réunion plénière. Chaque gouvernement dispose d’un point focal national.
Le bureau du GIEC
Organe exécutif du GIEC, le bureau est composé de 36 scientifiques élus par l’assemblée plénière de manière à représenter les différentes disciplines et régions du monde. Il est représenté par le président, 3 vice-présidents et les 2 co-présidents de l’équipe spéciale.
Les membres du bureau sont élus pour un cycle complet qui dure de cinq à sept ans, ce qui correspond à la durée de l’établissement d’un rapport d’évaluation. L’actuel bureau du GIEC a été élu au cours de la 42e réunion plénière du GIEC qui s’est déroulée du 5 au 8 octobre 2015 à Dubrovnik, en Croatie. Cette élection a aussi permis de déterminer la composition du bureau des équipes de chacun des groupes de travail du GIEC.
Secrétariat du GIEC
Le GIEC dispose d’un secrétariat à Genève (Suisse), hébergé par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Colette Gaillard, experte changement climatique
Dominique Linossier, expert développement durable des territoires
En savoir +
Cet article fait partie d’un dossier consacré au climat. Découvrez la suite dans Changements climatiques à l’aulne des limites planétaires
Pour aller + loin
Pour la liste complète des articles de Colette Gaillard et Dominique Linossier