En couchant la sphère sur un plan, les cartographes biaisent inévitablement les informations pour représenter la Terre.
Parce que les cartes sont des représentations planes du globe terrestre, la cartographie n’est pas une science exacte mais une construction qui résulte de choix (type de projection, échelle, orientation, légende) influencés par une histoire, un contexte culturel, social, économique et politique. Une carte n’est donc jamais neutre et reflète une vision du monde particulière, une interprétation. Et si nous jetions un coup d’œil plus averti sur notre planisphère ?
Le monde qu’ils « voyaient »…
Mercator
La projection de Mercator est la plus répandue. C’est en 1569 que le géographe et mathématicien flamand Gerhard Kremer publie cette première carte du monde à destination des navigateurs. Une petite révolution à l’époque puisqu’elle permet de tracer la route navigable la plus directe d’un point à l’autre du globe!
Pourtant, cette projection sur-représente les surfaces proches des pôles et sous-représente celles proches de l’équateur. Les surfaces réelles s’en trouvent complètement déformées et induisent une impression faussée des tailles relatives des pays à la surface du globe.
Gall-Peters
En 1885, Arno Peters tente de pallier aux biais de la projection de Mercator et propose une projection rapportant fidèlement la taille des continents.
Si les longueurs et les angles (et donc la forme des pays) s’en trouvent déformés à leur tour, la projection a le mérite de redonner toute l’importance territoriale des pays du Sud -jusqu’alors « écrasés » au profit des pays du Nord- et de souligner les enjeux qui sous-tendent les cartes et les représentations du monde. Cette carte est devenue l’un des outils de référence des organismes œuvrant dans la coopération et le développement, tels le CCFD-Terre Solidaire et l’UNESCO.
McArthur
En 1979, l’australien Stuart McArthur apporte à son tour deux modifications à la projection de Gall-Peters, renversant littéralement les représentations eurocentristes de la projection de Mercator. D’une part, il change l’orientation de la carte: le Nord se retrouve en bas, et le Sud, en haut. D’autre part, il déplace le cadrage de la carte: elle n’est plus centrée sur l’Europe, mais sur l’Australie !
Dans cette projection dite de « Peters renversée », l’Europe se voit reléguée en marge du monde (en petit, en bas, à droite). On se sent tout de suite plus petit, n’est-ce pas?
Conclusion ?
Il n’y a pas de « bon » planisphère, mais une multiplicité de représentations possibles du monde! Il ne faut pas pour autant rejeter la projection de Mercator, mais bien garder à l’esprit qu’il s’agit là d’une représentation parmi d’autres, d’un découpage euro-centré, avec toutes les déformations qui en résultent.
Le saviez-vous?
- Sur la projection de Mercator, les superficies de l’Afrique et du Groenland paraissent similaires alors que Gall-Peters fait paraître l’Afrique 14 à 15 fois plus grande que le Groenland.
- Aux yeux de Mercator, la superficie de l’Europe est équivalente à celle de l’Amérique du Sud. Or cette dernière est en réalité deux fois plus grande que l’Europe.
- Mercator montre un Alaska nettement plus grand que le Mexique alors que leurs superficies respectives s’élèvent à 1,718 million km² et 1,964 million km².
Cartes tirées de Wikipédia.